THROBBING GRISTLE : proto-indus

Publié le par getfever


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En 1976, Genesis commençait à penser qu’il devait revenir dans l’arène rock/performance sous une forme nouvelle et provocatrice. En avril 1976, accusé d’obscénité (ce ne serait pas la dernière fois), il a déclaré au tribunal, «Je veux faire partie de la culture populaire, engagé dans la vie de tous les jours; pas être un artiste intellectuel, dans une tour d’ivoire, pensant que je suis spécial, révéré et monumental.» Le premier concert de TG– en juillet de cette année-là – avait été annoncé avec cette déclaration, «La musique de 1984 est arrivée.» Le show de l’ICA devait apparemment signifier la fin de COUM, et le retour des idées de Genesis vers un média populaire. Il ne serait pas le seul à penser pouvoir greffer son concept sur l’énergie brute du punk.

Genesis P. Orridge:

À l’ICA, la soirée d’ouverture était destinée à être une déclaration: nous sommes maintenant Throbbing Gristle et pas de l’art... Maintenant, nous allons prendre ce que nous avons fait en tant qu’artistes actifs – et toutes nos idées – mais nous voulons utiliser le son... Les punks à l’ICA ont pensé que les chansons étaient effrayantes. John Towe a dit qu’il pensait qu’à la fin j’allais me pendre. [1978]

Bien que TG aient manifestement cru qu’ils faisaient quelque chose de radical, Tony Parsons, duNME, dans son compte-rendu, dépeignait «leur, euh, musique» comme «des tas de sons psychédéliques étranges enregistrés s’enroulant au hasard autour de claviers joués avec un doigt, une guitare solo qui aurait fait honte à Patti Smith, et une basse débile». Si leur intention était – comme l’affirme Cosey – de «démolir le truc rock & roll», Subway Sect avait déjà revendiqué ce territoire. Peut-être Genesis et Cosey auraient-ils dû également assister au Lord’s Prayer du 100 Club, œuvre de deux membres de leur public, Steve Severin et Siouxsie Sioux. En fait, ce serait la photo de Steve et Siouxsie qui accompagnerait un article de tabloïd sur le show de l’ICA, qualifiant ceux qui étaient présents ce soir-là de «destructeurs de civilisation». S’ils avaient su.

P. Orridge dépeindrait par la suite TG comme «littéralement une expérience... Montons un groupe. Donnons-lui un nom réellement inapproprié. N’ayons pas de batteur, parce que les groupes de rock ont des batteurs. N’apprenons pas à jouer de la musique. Mettons-y beaucoup de matière– en termes de mots et d’idées. Donc... Nous avons rejeté tous les paramètres habituels d’un groupe en disant, “Ayons du fond, de l’authenticité et de l’énergie. Refusons de ressembler à n’importe quoi d’acceptable comme un groupe ou de jouer comme eux.”» Çaressemblait beaucoup à un croisement entre Suicide et Subway Sect. Le point de vue ultérieur de Cosey sur TG serait plus humble, «TG a commencé comme une blague... On savait qu’on leur envoyait beaucoup de n’importe quoi sonore, juste pour les faire sortir de leurs attentes dans la musique.»

TG devrait repenser son approche s’il voulait croiser le nouveau mouvement. Absorbé par le scandale entourant Prostitution– des députés demandaient qu’on reconsidère la totalité du financement de l’ICA–, TG serait dans l’incapacité de donner d’autres shows avant l’année suivante.


extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 2.3 / p.164-165)


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Discipline (live)


On peut difficilement porter plus loin le concept d'agression sonore. Mais les amateurs d'insupportables furent légions, si on considère le nombre d'avatars pluds ou moins inspirés de TG désignés sous le nom d'Indus pendant les deux décennies qui suivirent...




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