BUZZCOCKS : la revanche de Manchester

Publié le par getfever


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Dès octobre 1977, Shelley se plaignait au NME des «gens à Londres qui ne peuvent pas apprécier quelque chose de nouveau et excitant, simplement parce que ça n’a pas été jugé branché.» Refusant d’abandonner son «pays», il a plus tard déclaré à une équipe de documentaire, «Être à Manchester nous a aidés à maintenir notre propre identité et aussi à la construire.» Le reste du groupe n’était pas aussi amoureux de la pâleur postindustrielle de Manchester. Diggle, dans son autobiographie: «Manchester était un bon endroit où vivre à l’époque si on voulait rester échoué. C’est probablement pour ça que j’ai suggéré qu’on déménage tous à Londres... mais les bottes de Shelley étaient fermement collées aux pavés.»
La décision de se retrancher «dans le nord» n’a certainement pas rendu service aux Buzzcocks au moment de trouver un contrat discographique. (…)
Ayant appris la réalité de la gestion d’un label, même petit, avec le succès de Spiral Scratch– qui finirait par dépasser les vingt mille exemplaires vendus –, le groupe est revenu de la tournée White Riot prêt à examiner les offres des maisons de disques. Très vite, l’évidence est apparue qu’il aurait à choisir entre Andrew Lauder chez United Artists et le cash offert par CBS. Comme le dit Diggle, «La situation des Clash nous a dégoûtés de CBS, parce qu’on savait  qu’on se heurterait aux mêmes conneries bureaucratiques qu’eux.»
Ce serait United Artists – faisant des Buzzcocks le troisième groupe à l’affiche du Screen on the Green à signer avec une major – malgré l’intervention tardive de la plus grosse gâchette de CBS.

Richard Boon:

On se sentait à l’aise avec Andrew Lauder. Le jour où on allait signer avec UA, Maurice Oberstein, le patron de CBS Angleterre, m’a téléphoné, et j’ai dû tenir le téléphone à un mètre de mon oreille. Il disait, «Qu’est-ce que vous faites? Qu’est-ce que vous voulez?» et moi je disais, «Votre directeur artistique n’a pas voulu de nous.» Il y avait un plan de sorties avec UA. Le premier single serait Orgasm Addict, qui était un peu la chanson punk. L’autre face serait un peu plus poppy. Le deuxième single serait What Do I Get, qui était plus pop, avec le punky Oh Shiten face B... Le contrat n’était pas particulièrement bon. On ne savait pas ce qu’on faisait.

La stratégie orientée single, prévoyant trois 45 tours puis un album, était astucieuse – comme l’étaient tous les singles qu’ils ont commencé à sortir, à partir d’octobre 1977 avec Orgasm Addict/Whatever Happened To?. What Do I Get?/Oh Shit, puis I Don’t Mind Autonomy, ont également précédé le premier album en février et mai 1978, mais sans troubler les charts, malgré leurs évidentes qualités pop et un dossier de presse rempli de critiques élogieuses.

extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 4.2 / p. 322-323)

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WHAT DO I GET? (live at Electric Circus, 1977)

Buzzcocks, à lui seul, a inventé la mythique scène de Manchester. En organisant le premier concert des Sex Pistols à Manchester à l'été 1976. En ouvrant la voie à l'autoproduction avec le EP "Spiral Scratch". En prodigant mille conseils et coups de main aux groupes locaux alors débutants (The Fall, Joy Division, ...). En survivant au départ de Howard Devoto aussitôt le premier disque enregistré. Et en réussissant le mariage de la grâce pop et de l'urgence punk. Démonstration ci-dessous avec une version 'live' de
What Do I Get, enregistrée à l'Electric Circus de manchester en juillet 1977, et parfaitement irrésistible (même si le pont et le chorus final se barrent un peu en sucette...).





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