DOCTOR FEELGOOD : le diamant du pub-rock anglais

Publié le par getfever


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Au début, l’ambition des Feelgood ne dépassait pas les limites de Southend, et consistait juste à passer un bon moment. En effet, ils n’étaient au courant de rien de ce qui était branché à Londres, à un peu plus d’une heure de là – bien moins loin que Cleveland ne l’est de New York. Quand ils ont effectivement emmené leur son (et leur énergie) dans la vieille capitale, ce qu’ils avaient n’était plus un diamant brut, mais un joyau poli, sûr de briller à côté de la pacotille qui constituait l’essentiel d’une scène pub-rock londonienne stéréotypée. Andrew Lauder, le directeur artistique qui les a fait signer chez United Artists, souligne, «Les Feelgood étaient tellement différents de tout ce qui existait à l’époque.»
C’est un de leurs copains musiciens de Canvey, Will Birch, qui a recommandé aux garçons du groupe d’aller voir les pubs de Londres, «Est-ce que vous vous rendez compte qu’il y a un circuit... où ce genre de truc se passe?» Brilleaux, le chanteur, parlait pour le groupe quand il a dit à Birch, «Ne sois pas ridicule.»  Mais Birch a persévéré, au point de leur trouver un gig au Tally Ho pour prouver ce qu’il avançait. Les Feelgood ont débarqué à Londres pour la première fois le 13 juillet 1973 et se sont retrouvés presque immédiatement dans l’œil du cyclone, le centre d’intérêt général. Apparemment, ils n’étaient pas seuls dans leur désir de ramener le rock à son essence binaire.

Wilko Johnson:

Dr Feelgood est arrivé assez tard sur cette scène pub-rock. Elle était déjà en plein boum... On devait faire ces gigs à Londres, et on est allés voir jouer quelques-uns de ces groupes, ce qui m’a mis en confiance... Ils prétendaient qu’il y avait une scène, jouant un certain type de musique, mais quand tu te pointais, tu ne trouvais qu’une bande de musicos faisant un peu de country, un peu de funk... Dr Feelgood a décollé très vite par ici parce qu’on faisait quelque chose d’un peu inhabituel, d’un peu tordu... On était assez choquants. Personne n’avait vu ça avant! La plupart de ces groupes jammaient – nous, on jouait de façon réellement urgente. Beaucoup d’entre eux étaient connus... mais on venait de Canvey Island, et notre truc était au point à ce moment-là. On avait passé deux ans à écumer les alentours de Southend. Que soudain des types que personne n’a jamais vus se pointent avec «ça» a énormément attiré l’attention.

Pour toute une génération de journalistes rock blasés, les Feelgood ont immédiatement représenté une raison de s’exciter à nouveau. Wilko se souvenait récemment d’une fois où le journaliste du NME, Tony Tyler, est littéralement «entré en trombe un soir au Lord Nelson, nous a dit qui il était et qu’il voulait écrire sur nous. Malheureusement, le NME ne paraissait pas à ce moment-là, en raison d’une grève des éditeurs.


extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 1.2 / p. 42-43)

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BACK IN THE NIGHT  (TV live)

Filmé en couleurs (criardes) en 75, Doctor Feelgood impose sur ce titre sa marque de fabrique inimitable et pourtant trop souvent (mal imitée) : la guitare rythmique nette et tranchée de Wilko Johnson. Trois longueurs d'avance aussi pour ce qui concerne la coupe de cheveux. La combinaison des deux fait de Wilko Johnson la parfaite icône proto-punk anglaise.




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Publié dans Londres 1973-1975

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