THE SEX PISTOLS : This is the end...

Publié le par getfever


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Quand le groupe est arrivé au Winterland le 14, il a découvert que tous ceux qui attendaient dehors constituaient un condensé de tout ce qu’ils avaient rencontré aux États-Unis à ce jour – à une plus grande échelle. Pour la première fois, ils devaient jouer devant cinq mille personnes; et il était clair que les punks présents dans la salle étaient bien moins nombreux que les poseurs et les voyeurs. Et ils semblaient avoir pris des leçons de comportement punk dans le National Enquirer. Évidemment, la première partie locale a souffert.

Penelope Houston:
La scène était déjà trempée de crachats quand on est arrivés. Le public était peut-être constitué d’un tiers de fans de punk et le reste voulait juste voir ces phénomènes – les Sex Pistols... En fait, ils étaient assez hostiles.

Houston, la chanteuse des Avengers, a plus tard raconté à Gina Arnold que son principal souvenir du concert était «les hordes d’étrangers qui hurlaient, “Fuck you! Fuck you!” et crachaient, parce que c’est ce qu’ils pensaient que les punks faisaient». Les Pistols eux aussi se sentaient perdus. Jouer au handicapé sarcastique, comme aimait le faire Rotten, était bon pour les clubs. Comment cela pouvait-il passer dans cette arène? Qui étaient les chrétiens, et qui étaient les lions? Lydon a plus tard avoué à Savage, «On était complètement dépassés. On ne savait pas comment atteindre les gens au-delà des vingt premiers rangs.»
Heureusement, la saine décision prise par le sonorisateur de rendre inaudible le jeu erratique de Vicious et un mix explosif concocté pour la radio (KSAN était présent pour diffuser cet événement historique) ont donné aux Pistols mille ans d’avance sur tout ce que les stations de classic-rock de la Baie passaient ce soir-là. Et ils ont continué à faire des convertis jusqu’au bout.

John Ingham, qui avait écrit sur le groupe depuis ses tout débuts, était sur place pour assister au final et racontait toujours les choses telles qu’elles étaient:
Selon les critères des Pistols, le Winterland a été quelconque, certainement pas à la hauteur d’un éloge funèbre. L’ampli de Steve a déconné à quelques moments cruciaux et John s’est progressivement désintéressé de tout ça... Mais dans son contexte, c’était super. Dans cette foule de cinq mille personnes, il y avait à peine une poignée de punks, dix fois moins que de tee-shirts du Grateful Dead. C’était une foule de curieux, et c’était exaltant de les voir pratiquement tous crier et agiter les bras.– Sounds 28/1/78.

Mais Rotten, qui sentait que la fin était proche, était déterminé à prononcer l’épitaphe du groupe. Alors qu’il commençait à redevenir Lydon, à la fin d’un No Fun las en rappel, il a prononcé ces paroles immortelles, «Ha, ha, ha, vous avez déjà eu le sentiment d’avoir été roulés? Bonne nuit.» Il dirait plus tard à Savage, «Je pensais ce que j’ai dit, à la fin du concert du Winterland... Je savais que ça ne pouvait pas continuer.»

La diffusion à la radio, l’album pirate, le CD et enfin le DVD du Winterland ont figé ce moment et en ont fait la fin du punk pour tout documentariste pouvant tenir un caméscope, pour tout sociologue capable de cocher une case, pour toute grande gueule voyant l’Histoire comme une série de points finaux. Mais pour les marginaux présents ce soir-là, il y avait quelque chose d’un archétype du punk dans la performance de Rotten. C’était l’avis du guitariste des Avengers.

Danny Furious:

J’ai été fasciné par les Pistols. Leur son était épouvantable et Sid essayait d’être John. John avait abandonné et ne semblait plus en avoir rien à faire. Ils ont fini leur set et sont revenus pour un rappel... et puis John s’est montré sous son vrai visage. Je n’ai jamais été témoin d’une performance aussi vraie, aussi honnête et aussi remplie de désespoir que ce rappel... J’ai soudain tout compris! Ce qui rendait ce truc punk si différent, c’était John Rotten... là-haut, face au monde, à la tête de ce qui était à l’époque le prochain gros truc, tout tombait en morceaux autour de lui et en lui, et pourtant il a mis tout ce qu’il avait dans cette chanson stupide.

extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 4.3 / p.372-373)


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EMI (live)


En utile complément du DVD cité, voici une captation du concert de Dallas, quelques jours plus tôt... A voir pour le désespoir lisible dans les yeux de Johnny Rotten, qui n'y croit plus, tandis qu'à la basse Sid Vicious s'y voit plus que jamais...




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