THE RAMONES : l'incompétence élevée au rang des beaux-arts

Publié le par getfever


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En 1973, Dee Dee avait auditionné pour Television comme bassiste et fait montre d’une telle ignorance des principes de base qu’il en avait fait apparaître Hell comme un bon musicien. Dans les Ramones, il n’ était plus seul. Comme il l’a dit un jour, «On a commencé par essayer d’apprendre des chansons à partir des disques, et on n’y arrivait pas.» La simplicité radicale des Ramones provenait d’une incompétence sous-jacente.
Tommy Ramone:
Dès le début, il n’y avait aucun solo et le son était unique, simplement parce que ses racines ne venaient pas de la scène musicale d’alors... C’était absurde. C’était aussi original. Spécialement à cette époque. C’était si brut. Television... était aussi en rupture avec le look rock & roll... mais musicalement, ils étaient totalement différents.
Au début, la plupart des spectateurs étaient perplexes face à la dynamique étrange d’un groupe où chacun jouait sa propre partie rythmique, où les ponts étaient pour les fillettes et les solos de guitare totalement inadmissibles. Mais certains comprenaient immédiatement. Richard Hell pense qu’ils étaient «une combinaison géniale de réduction du rock & roll à son essence – de façon cartoon, ce qui était calculé pour réussir, comme Andy Warhol ou autre – et en même temps de pure émotion et d’histoires réelles de la rue». Ils jouaient aussi très vite. Trente ans de groupes pour qui le rock est une sorte de course relativisent cela, mais à l’époque les Ramones sonnaient comme s’ils jouaient à cent à l’heure et leurs concerts étaient des marathons de vingt-six minutes. L’heureux accident devenait un grand dessein.
Tommy Ramone:
La vitesse d’exécution des chansons venait de Johnny. Leur brièveté– on voulait des chansons courtes pour ramener le feeling original du rock & roll, qui avait disparu dans les années 70... On voulait ramener ce «whomp bop-a-lua»... Et bien sûr, des chansons courtes jouées vite deviennent très courtes.
Plus tard, en tant que manieur de concepts et porte-parole du groupe, Tommy a été obligé de minimiser la nature fortuite de cette collision de styles. Comme il l’a dit au NME, «Les gens pensaient que tout était accidentel. Genre, ces quatre crétins sont trop mignons et ils font un truc chouette, mais il est évident que tout ça est un accident. Premièrement, ce n’étaient pas quatre crétins; deuxièmement, rien de tout ça n’était un hasard; et troisièmement, il s’agissait de quatre personnes talentueuses qui savaient ce qu’elles aimaient et ce qu’elles faisaient.»

extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 1.1 / p. 26-27)

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JUDY'S A PUNK (live at CBGB)

Dans l'album vidéo aujourd'hui, un document assez rare: Les Ramones, capturés en noir & blanc dans leur sauvagerie initiale
lors d'un de leurs premiers concerts au CBGB, en 1974.  Le look n'est pas encore fixé sur le cuir noir, Joe cherche encore ses poses, le son est encore approximatif... mais c'est déjà les Ramones : 1'30" pour expédier (exécuter?) l'ensemble.





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