SUBWAY SECT : des pionniers oubliés

Publié le par getfever

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Rob Symmons:

Quand on a commencé à jouer, on était absolument nuls. On a demandé à être retirés de la tournée. Je ne savais pas qu’il fallait accorder sa guitare. Je me contentais de tourner les clés jusqu’à ce que les cordes soient tendues. La première fois qu’on a joué, c’était... du bruit. Les gens s’asseyaient dans le public avec les doigts dans les oreilles... On a dit aux Clash, «On n’est pas un vrai groupe comme vous le voudriez. On ne peut pas le faire.» Ils ont répondu, «Non, non, continuez comme ça»... Joe et Mick montaient sur scène, me passaient leurs guitares et accordaient la mienne.

La presse semblait partager les inquiétudes du Sect. Nick Kent, dans son compte-rendu de Harlesden, se donnait du mal pour comprendre comment un groupe pouvait avoir «une telle obsolescence planifiée, une telle attitude de vacuité... des instruments aussi merdiques... et une telle incapacité résolue à plaquer même le plus quelconque des accords». L’article de Sounds consacré à la tournée par Giovanni Dadomo les décrivait comme ayant l’air «d’écoliers déplacés dans des vieux vêtements de troisième main», mais avec un son qui possédait «beaucoup de nuances d’autres groupes new wave plus familiers».

Rétrospectivement, il est difficile de comprendre ce que Dadomo croyait entendre. Une fois ses limites admises, le Sect suivait assurément sa propre voie. Comme le dit Symmons, «On faisait joyeusement notre propre truc. On ne voulait faire partie de rien. Vic recevait des appels des gens du Roxy, disant, “Venez jouer ici.” Il répondait toujours non. On était assez insulaires. On était anti-rock & roll. On pensait réellement que les Pistols détruisaient le rock & roll. C’est ce que je croyais... Je pensais que c’était la fin du rock. Je pensais que jouer faux faisait entièrement partie du punk – jouer une musique dissonante.»

Malgré cette dissonance délibérée, le Sect a trouvé un écho chez certains «qui aimaient tout ça – juste faire du bruit». Mark Stewart, du Pop Group, était l’un d’eux. Les ayant vus à Harlesden, il a adoré, «Pour je ne sais quelle raison, Subway Sect a touché une corde sensible en moi. Ils portaient des vêtements gris, avaient un mur de son très puissant et j’adorais leur nonchalance. Quand tu es gamin, tu remarques comment se tiennent les gens et comment ils se comportent.»
Julian Cope, futur Teardrop Explodes, a vu la tournée à Eric’s, l’équivalent punk de la Cavern, et a été captivé:
En chemises noires unies et pantalons noirs décontractés, les quatre membres de Subway Sect sont montés tranquillement sur scène, d’un air gêné. Le batteur avait un kit minuscule avec un tom basse. Le guitariste avait une Fender Jaguar et un brassard jaune. Le bassiste était complètement anonyme et le chanteur se tenait dos au public en mangeant un sandwich. La batterie et la basse ont commencé ensemble, sur un rythme mid-tempo assez lent: Boom-bum-bum-bum, Boom-bum-bum-bum, Boom-bum-bum-bum... Puis une seule petite note de guitare: Bow, bow, bow, bow, bow... Pendant au moins une minute, le riff a continué immuablement, puis le chanteur s’est négligemment retourné, le micro dans sa main gauche. Avec sa main droite, il a écrasé les restes de son sandwich au plafond et commencé à psalmodier dans le micro. C’était presque puritain. Je n’avais aucune idée de ce qu’il chantait, mais ça donnait l’impression qu’il avait voyagé dans le futur et qu’il nous en parlait.

extrait de "Babylon's burning" de Clinton Heylin (chapitre 3.3/ p. 253-254)


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"Ambition" & "Out of touch" (live) + interview

Deux titres enregistrés en répétition pour le TV allemande, dans le mythique "rehearsal rehearsals", local de répétition de The Clash (The Subway Sect avait le même manager : Bernie Rhodes)




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